Les conducteurs qui s’insèrent à la dernière minute peuvent être énervants, mais ils ont raison
Si vous êtes assez âgé pour pouvoir conduire, vous êtes assez vieux pour avoir quelques idées sur la meilleure façon de vous insérer dans le trafic automobile lorsque votre voie se termine ou se ferme en raison d’un accident ou de travaux. Lorsque vous voyez le grand panneau orange « VOIE FERMÉE À 1000 mètres », vous avez deux options :
- Allumez immédiatement votre clignotant et attendez que quelqu’un vous laisse passer sur la voie suivante.
- Rester sur votre voie et attendre que toutes les personnes polies s’écartent de votre chemin avant de continuer à conduire vers l’avant de la file et de s’insérer juste avant que la voie se ferme. Observez alors les personnes qui se sont insérées plus tôt vous jeter des yeux noirs de colère dans votre direction pensant fortement à votre manque de civisme.
Pour la plupart des gens, la première option semble plus courtoise et patiente, moins égoïste. Mais les études se succèdent et prouvent que ces personnes ne font que créer une longue et lente file de circulation, ce qui est non seulement frustrant pour les conducteurs, mais aussi inefficace car cela minimise la quantité de route utilisable, et provoque même des accidents.
Ce que nous devrions tous faire s’appelle l’insertion en fermeture éclair le « zipper merge » en anglais, ou Reißverschlusssystem, comme l’appellent les Allemands. Dans ce système de courtoisie, chaque voiture de la voie qui se termine se rend jusqu’à l’avant de la file et se rabat à tour de rôle dans l’autre voie de circulation (comportement obligatoire dans le code de la route en Belgique – tirette belge). Vu d’en haut, cela ressemble un peu aux dents d’une fermeture éclair qui s’assemblent. Comme le système utilise tout l’espace routier disponible aussi longtemps que possible, il réduit les embouteillages de 40 %. Il réduit également le nombre d’accidents, car tout le trafic se déplace à la même vitesse, alors que dans le système moins civique certaines voitures vont très vite tandis que d’autres roulent au ralenti, ou encore tout le monde est au ralenti sur une seule voie.
Le problème est, bien sûr, que nos habitudes de conduite dans ce type de trafic sont profondément ancrées. Nous acceptons donc de passer des heures dans une seule file de véhicules congestionnés, alors qu’il y a une voie parfaitement adaptée juste à côté de nous, que nous avons peur d’utiliser parce que quelqu’un pourrait nous faire un doigt d’honneur. Mais certains États dépensent beaucoup d’argent pour apprendre à leurs conducteurs à utiliser l’insertion en fermeture éclair : Le Colorado et le Minnesota y travaillent depuis plus d’une décennie, tandis que Washington, le Missouri et le Kansas ont tous approuvé le système, et le Missouri a lancé sa propre campagne d’éducation en 2016, et plus proche de chez nous la Belgique l’a ajouté à son code de la route depuis le 1er mars 2014.
Comme tous les systèmes bien intentionnés, l’insertion efficace en mode fermeture éclair exige que tous les conducteurs soient sur la même longueur d’onde, et à quand remonte la dernière fois que cela s’est produit ? Nous verrons si cette technique de fusion efficace et sûre peut trouver une place dans nos habitudes de circulation, ou, comme le suggère Bob Collins de Minnesota Radio, « la fermeture éclair va être la conversion de ce siècle au système métrique dans les années 70. Une idée géniale, parfaitement sensée, mais qui est morte à l’arrivée ».